Niépi Magazine
Recette(s) Article(s)

mangeons vrai, Interview du DR Fardet


Voici une interview de l’auteur de Halte aux aliments ultra transformés ! Mangeons vrai (Thierry Souccar éditions) qui, nous l’espérons, ouvrira les consciences à l’importance d’un retour à une alimentation simple pour nos enfants, à partir des produits frais et bruts de Dame Nature.

Dr Fardet, que sont les aliments transformés ?

Avant tout je tiens à préciser que je distingue « aliments transformés » et « aliments ultra-transformés ». Les aliments transformés ont existé de tout temps et peuvent participer d’une alimentation équilibrée, comme les produits fermentés (pains, fromages, vins), les conserves ou des plats faits maisons. Les aliments ultra-transformés sont apparus massivement dans les années 1980 et sont tout nouveaux (voir définition plus bas) : ils sont le fruit de traitements industriels drastiques que l’on n’utilise pas à la maison.

Qu’est-ce que pour vous l’idée de « manger vrai » ?

Manger vrai c’est revenir à des aliments moins transformés, ou à des aliments transformés, mais pour lesquels la technologie est au service des aliments pour mieux les conserver, les rendre plus comestibles ou augmenter leur valeur nutritionnelle. Or, avec les aliments ultra-transformés, c’est l’aliment qui s’est mis au service de la technologie pour toujours plus de profits et de gain de temps : ces aliments sont des recombinaisons d’ingrédients et d’additifs industriels et on ne peut plus reconnaître l’aliment d’origine, comme dans le cas des nuggets de poulet ou poisson, des sodas, des barres chocolatées, des snacks sucrés, gras, salés, de nombreux desserts lactés et yaourts à boire, des confiseries, des pâtisseries et de certains plats cuisinés industriels, ainsi que des céréales du petit déjeuner pour enfants. Ces aliments sont de « faux aliments », de pures créations de l’homme, et trop souvent les additifs ne sont là que pour restaurer goût, couleur et texture dégradés durant l’ultra-transformation. Dans la nature vous ne trouverez jamais de cultures ou d’élevage de barres chocolatées ni de sodas !

Cette idée a-t-elle quelque chose de plus spécifique lorsqu’il s’agit de l’alimentation de l’enfant ?

Oui, car plus les enfants sont habitués tôt à consommer de vrais aliments (avec des goûts subtils), plus ils conservent cette habitude toute leur vie et peuvent alors contribuer efficacement – par leurs choix alimentaires – à des systèmes alimentaires plus durables. En les habituant à consommer des aliments ultra-transformés surchargés en graisses, sucres et sel, ils finissent par trouver fades les aliments plus naturels. Ils ont plus de mal à détecter des saveurs et des goûts plus naturels et subtils. Le goût s’éduque et il est très important – dès l’âge de la diversification alimentaire – d’habituer les enfants aux vrais aliments. Avec les associations ANIS Étoilé (www.anisetoile.org) et Cubes & Petits pois (www.cubesetpetitspois.fr), nous avons d’ailleurs publié une brochure relative à l’alimentation des enfants de 0 à 6 ans, pour la promotion du manger-vrai sur la base de mes travaux de chercheur pour une alimentation plus holistique.

mangeons vrai, Interview du DR Fardet

Quels sont les aliments (ultra-)transformés à bannir selon vous de l’assiette de nos enfants ?

En fait, sur des bases scientifiques, je prône de ne pas dépasser une calorie sur six d’origine ultra-transformée, à savoir pas plus de deux portions par jour (voir aussi la brochure citée plus haut avec des exemples). L’aliment ultra-transformé doit être consommé très rarement, comme un produit de niche ou une exception, comme par exemple des bonbons lors d’occasions spéciales, un soda ou des nuggets une fois par mois. Par contre, pour le petit déjeuner, qui est régulier, il faut absolument éviter les céréales pour enfants qui sont presque toutes à bannir car ultra-transformées, ou alors proposer des céréales du petit déjeuner moins transformées, comme le muesli ou les flocons de céréales. Il faut également bannir la consommation régulière de sodas, de barres chocolatées, de bonbons et de toutes les catégories d’aliments industriels citées plus haut.

Avez-vous quelques conseils pour inviter les enfants à respecter leur corps, à écouter leur faim au-delà des envies provenant d’une profusion d’images publicitaires de produits (ultra-)transformés ?

Il existe des règles de base validées scientifiquement, comme manger à heures régulières, prendre le temps de mastiquer, ne pas continuer à manger si l’on n’a plus faim, manger en groupe et pas seul devant un écran, ce qui contribue à mieux écouter son corps et ses signaux de satiété, notion essentielle pour un bon équilibre métabolique. Les produits ultra-transformés doivent rester l’exception : pour résister à la pression marketing, notamment en supermarché, ce n’est pas facile, c’est vrai. Il n’existe que l’éducation à l’école et par les parents : c’est la solution la plus durable à long terme ! Par exemple, on peut éduquer nos enfants à savoir reconnaître un aliment ultra-transformé : emballages colorés attractifs, longue liste d’ingrédients et d’additifs industriels, « promesses » santé sur l’emballage, etc.

Retour

Newsletters